Les avions « Mousquetaire » qui sillonnent la Vallée sont des monuments de notre aviation légère française.


Edouard_Joly_Jean_DelmontezLa société d’aviation Jodel, dont la raison sociale est formée des premières syllabes des patronymes des deux fondateurs, Édouard Joly et Jean Delemontez, est établie à Beaune, depuis 1946. Cette firme insuffla un nouvel élan à l’aviation légère française de l’après-guerre en concevant de petits appareils qui connurent un véritable succès. Un grand nombre d’entre eux furent assemblés sous licence par d’autres compagnies en Europe. En France, la Société aéronautique normande (SAN), fondée en 1948, entreprit la production des appareils conçus par Jodel sous l’appellation de SAN Jodel.
A partir du Jodel D.9 Bébé, un biplace en tandem, SAN développa une nouvelle version quadriplace désignée Jodel D.140 et dont le prototype prit l’air le 4 juillet 1958. L’appareil, après le premier vol du D 140A tête de série, reçut le nom de Mousquetaire. Dans sa configuration d’origine, le D.140 se présentait comme un monoplan à ailes basses conventionnel, en bois et avec entoilage. La propulsion était assurée par un moteur Lycoming de quatre cylindres à plat développant une puissance de 134 kW, et le train d’atterrissage, rustique, était fixe et à roulette de queue. Le D.140 était aussi capable d’assurer des missions d’évacuation sanitaire, une civière pouvant être introduite par la porte de chargement des bagages.


La société SAN enregistra une forte demande concernant le D.140A, en particulier quand le gouvernement français en dota le Service d’aviation légère et sportive. La production s’échelonna sur plusieurs années, et de nombreuses variantes furent réalisées. Parmi elles figurent le D.140B Mousquetaire II et le D.140C Mousquetaire IIIC, aux empennages en flèche. Nombre de D.140A reçurent ces nouveaux empennages et furent dès lors rebaptisés D.140AC. L’armée de l’Air acquit dix-huit D.140E Mousquetaire IV destinés à l’École de l’air de Salon-de-Provence; cette version dispose de gouvernes nouvelles et de stabilisateurs horizontaux monoblocs. Enfin, l’armée de l’Air a également commandé quinze D.140R Abeille pour le remorquage de planeurs. Cet avion dispose d’une vaste cabine de 4/5 places, dont les portes s’ouvrent vers le haut. Une vaste soute cargo est intégrée dans le dôme supérieur du fuselage, accessible par une large porte située sur la gauche de l’appareil (à droite sur le premier prototype). Elle montre bien la vocation « voyage » de ce nouvel appareil, confirmée par la motorisation confiée à un Lycoming de 180 CV. Le premier prototype, immatriculé F-BIZE, décolle le 08 juillet 1958 aux mains de Lucien Querey. Il est le précurseur d’une série de 195 machines, produites de 1958 à 1966. Aujourd’hui encore, des amateurs éclairés poursuivent la construction de ce modèle.

Le Mousquetaire était utilisé comme remorqueur par l’Armée de l’Air. Fin 1964, un Colonel demande à Delemontez de lui concevoir un appareil mieux adapté pour cette utilisation particulière. Ainsi naquit en 1965 le dérivé D140R Abeille. Il se caractérise principalement par le rabaissement du dôme arrière (et la suppression de la soute qui va avec), et l’adoption d’une verrière à vision intégrale sur 360°. L’Abeille, qui ne sera produit qu’à 22 exemplaires, sera aussi très prisé pour le vol de montagne, grâce à ses performances en taux de montée et sa vision panoramique. Il vole encore à Méribel.


Caractéristiques

Type:

avion léger quadriplace

Moteur:

Avco Lycoming 0-360-A2A de 134 kW (180 CV)

Performances:

vitesse maximale au niveau de la mer, 255 km/h; vitesse de croisière économique à 2700 m, 200 km/h; vitesse ascensionnelle initiale, 230 m/mn; plafond pratique, 5000 m; distance franchissable avec capacité maximale en carburant, 1 400 km

Masses:

à vide, 620 kg; maximale au décollage, 1 200 kg

Dimensions:

envergure, 10,27 m; longueur, 7,82 m; hauteur, 2,05 m; surface alaire, 18,50 m2

Armement:

sans