Bonjour à tous et à toutes,
Nous sommes là aujourd’hui pour procéder au baptême de l’Altiport de Méribel – Robert Merloz. Comme mon père se plaisait à nous le dire : nous sommes dans le plus beau pays du monde la Savoie et sur l’un des plus beaux, si ce n’est le plus beau, site de Savoie.
Ce site aurait été découvert au printemps 1961 par Robert Chauchon un aviateur qui était à la recherche d’un endroit loin des habitations pour poser son petit avion. Par la suite son ami André Tournier – à l’époque directeur technique de la station de Méribel – a parlé de ce site de la forêt de Fontany à deux jeunes savoyards qui ont eu pour ambition de faire construire une piste pour s’y poser en avion. La superbe piste qui est devant nous a été réalisée à la fin de l’été 1961.
L’accès au site se faisait alors en peau de phoque, puis sur une route sommaire qui était déneigée l’hiver seulement de temps en temps. Suite à la création en 1961 de la société Air Alpes par ces deux jeunes savoyards, Michel Ziegler et Robert Merloz, notre grand-père Jean Casaubon a fait construire le chalet d’origine du site l’Altibar sur un terrain mis à disposition par la commune de Méribel. On y trouvait à l’origine une brasserie et quelques chambres exploitées par nos parents. L’Altiport de Méribel a été officiellement inauguré le dimanche 27 janvier 1963 par le haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports Maurice Herzog.
C’est en septembre 2010 que l’autorisation de baptême de l’Altiport de Méribel au nom de Robert Merloz a été donnée par une lettre du Maire de Méribel adressée à Janine Bloch. Janine en tant que Présidente de l’Association Amicale des Anciens d’Air Alpes a été l’initiatrice de cette demande. Janine, qui n’a pu être présente aujourd’hui et qui le regrette vivement, écrivait dans sa lettre : « Nous sommes sûrs que les pilotes faisant leur point fixe devant le hangar où le nom de Robert Merloz pourrait être accolé à la mention « Altiport de Méribel », seraient tous très fiers que soit rappelé le nom d’un ancien pilote de montagne reconnu par la profession ».
Le Maire de Méribel Thierry Monin, qui nous fait l’honneur de sa présence, a également validé dans cette lettre le texte qui figure sur la plaque commémorative inaugurée aujourd’hui. Ce texte n’a pas vocation à avoir un caractère exhaustif sur la vie de Robert Merloz mais s’en tient aux éléments qui ont un lien direct avec le site de l’Altiport de Méribel. Il est l’expression d’une volonté de simplicité qui correspond pour nous ses enfants à la personnalité de notre père. Nous n’avons ainsi pas mentionné sa longue carrière à Air France successivement comme pilote, instructeur et chef-pilote.
Pour ceux qui l’ont peu ou mal connu, qui était Robert Merloz en un mot? Robert Merloz était un PILOTE. Un pilote passionné. Un pilote de montagne savoyard. Mais il était aussi un pilote de moto (une passion partagée jeune avec son ami Michel Ziegler et passion à laquelle il est revenu à sa retraite), un pilote de voiture (ses parents avaient refusé qu’il devienne pilote automobile quand il avait 18 ans alors qu’il s’était rendu à Montlhéry dans ce but), un pilote de planeur (avec notamment une présentation épique du Breguet BR-906 « Choucas » au salon du Bourget en juin 1961), un pilote d’avion, avions de toutes sortes, de toutes tailles – du Piper Cub au Boeing 747-400 et sur tous types de terrain (plaine, montagne et glaciers bien sûr) sans oublier les hydravions.
Je me souviens que ma sœur Patricia m’avait écrit suite à la célébration du 29 mai 2010 partagée par sa famille avec certains d’entre vous : « Papa et l’Altiport ne font qu’un ». Grâce à l’initiative et à la ténacité de Janine Bloch et par la décision du Maire de Méribel Thierry Monin, plus que jamais l’Altiport et Robert Merloz ne feront qu’un. Sachez que nous sommes très reconnaissants à tous ceux qui ont permis cela.
Un petit mot pour dire mon vœu de voir assurer la pérennité du site de l’Altiport de Méribel en terme aéronautique. C’est aujourd’hui la mission de l’Aéro-club de Méribel qui est né en 1964 – 50 ans cette année – avec l’inoubliable Nano Chappel comme Président, Robert Merloz comme pilote bénévole et Madeleine Merloz comme Trésorière. L’Aéro-club qui aura été présidé depuis successivement par Nano, Robert, Jean-Claude Roumilhac, Gérard David et le président actuel Jean-Christophe Lajoux (presque tous anciens ou actuel pilotes d’Air France). On compte sur toi Jean-Christophe pour assurer cette pérennité, toi sans qui la manifestation d’aujourd’hui n’aurait pas eu lieu mais on compte également sur la compréhension de la municipalité de Méribel pour continuer à accueillir tous ces pilotes de montagne qui aiment tant venir se poser sur cette piste mythique tout en prenant soin de respecter les lieux.
Un petit mot également pour remercier Elisabeth Raiberti qui a œuvré auprès de Jean-Christophe pour la réussite de la manifestation de ce jour. Un grand merci à Jeff. Et une pensée très chaleureuse pour Chris la compagne de mon père qui n’a pu être présente aujourd’hui mais qui a été étroitement associée à la mise en œuvre de cette inauguration.
Je tiens enfin à évoquer la mémoire, et le moment s’y prête à l’occasion de ce 44ème Rassemblement International des Pilotes de montagne, de grands, très grands pilotes de montagne qui vous ont précédé et qui vous ont probablement montré la voie à suivre : Hermann Geiger à tout seigneur tout honneur « LE Pilote des glaciers », « l’Aigle de Sion » comme on le surnommait et son acolyte Fernand Martignoni (ils ont tous deux formé mon père au pilotage en montagne à Sion dans le Valais suisse), Henri Giraud l’« artiste », le pilote de montagne funambule qui a trouvé le moyen d’aller se poser au sommet du Mont-Blanc le 23 juin 1960 (exploit jamais renouvelé). J’ai également une pensée pour le baroudeur, l’incomparable Xavier Maniguet, pour Nano Chappel bien entendu – et pour Michel Sivry.
Et je tiens enfin à avoir une pensée pour Martine Ziegler une grande dame que j’aimais tant et qui nous manque.
Je vais maintenant passer la parole à mon Parrain Michel Ziegler, un autre grand pilote de montagne, le complice et ami de Robert avec qui il a partagé tant de bons moments mais aussi quelques-uns plus difficiles. Ainsi celui de l’ascension à pied côte à côte sur le glacier des Bossons sous le Dôme du Goûter en direction du refuge Vallot après avoir laissé sur le glacier leur beau Pilatus. Un revers qui n’a pas empêché par la suite ces deux pionniers, bien au contraire, d’aller de l’avant et de connaître la réussite qui a été la leur avec Air Alpes.
Eric Merloz
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